Ce fleuve noir est assez le haut du pavé de cette collection .
Le style est assez correct à tous points de vue et c’est l’ analyse du fonctionnement d’une société totalitaire qui est le véritable sujet du roman .
L’auteur a imaginé un univers ravagé par les armes bactériologiques et une société où les médecins ont pris le pouvoir et où le corps médical est aussi une institution politique et la médecine est devenue le socle et le terreau d’une pensée idéologique .
Le roman est bien le reflet d’ une époque de guerre froide et il est aussi le reflet des constats de l’après-guerre , associés avec la montée des totalitarismes idéologiques , qui commence avant-guerre et se poursuit après et qu’il dénonce avec clarté , ironie et nuances mais sans réelle véhémence pour autant .
L’auteur tente avec succès de montrer comment le totalitarisme tente de véroler les consciences et comment , il tente et parvient souvent à ligoter l’individu grâce à des liens qui le plus souvent dépassent largement le cadre politique .
Des liens qui imposent une pensée idéologique totalisante et normative qui s’appuie sur des logiques sordides de contrôle des comportements sociaux en général et des consciences , dans une dynamique intimiste , globalisante et pavlovienne .
La trame narrative est ici ancrée dans l’évolution d’un jeune adulte qui découvre la vie et les nombreuses incohérences et contradictions qui la colore , la façonne et la « torde « et qui découvre par la même occasion la mécanique et la tuyauterie qui permettent à une société totalitaire de fonctionner et de perdurer .
Ce n’est pas sans ironie que l’auteur choisi de transformer le corps médical et la médecine en agents de répression et de contrôle social et cela crée une atmosphère assez ambiguë en même temps qu’un certain malaise .