Une œuvre classique qui conserve un charme incontestable ..
Le style est tout à fait correct , je veux dire que c’est écrit de telle façon que l’on adhère sans difficulté à l’univers alors que les personnages sont palpables et que les descriptions sont soignées et convaincantes ..
Le vocabulaire affairant aux aspects science-fictionnels a pris une patine rétro assez charmante , qui n’est pas sans avoir quelques analogies avec l’effet agréable et déroutant que peut avoir par exemple , le style du Troupeau aveugle de John Bruner ..
La trame narrative est globalement celle d’un roman , cependant il y a de très nombreux inserts , qui sont des dépêches où d’autres documents originaires du réseau qui renseignent le lecteurs et les personnages sur les différentes facettes de ce monde et entre autres sur sa brulante actualité .
Le personnage principal est historien et il découvrira sur le réseau que pour des raisons qu’il ignore , il est en danger . Le lecteur fera aussi connaissance avec la quasi personnalité virtuelle qui gère ce réseau interactif aux ramifications immenses . Signalons que par ailleurs des extraterrestres menacent notre planète , et rendent accessoirement , très inconfortable les séjours sur les balcons en général et en particulier ceux dédiés à l’entretien des bonzaïs ( hum !) . Ces extraterrestres affichent un côté amusant indéniablement mais aussi à mon humble avis : faussement naïf .
Nous sommes dans le courant du vingt-deux ieme siècle , la civilisation a bien changée et la planète présente de très nettes différences avec les environnements que nous lui connaissons aujourd’hui .
Les contextes qui sont exploités dans cet univers , relèvent entre autres , de l’hyper urbanisation , de la désertification découlant du réchauffement climatique , de spectaculaires clivages sociaux , dont on entend les échos depuis les balcons des immeubles pharaoniques où vit le plus gros de la population insérée dans le système fonctionnel de cette société , etc. ...
Les gens vivent cloitrés chez eux dans de grands appartements très fonctionnels et se font livrer tout ce dont-ils peuvent avoir besoin , je ne dis pas comment pour laisser au lecteur éventuel le plaisir de la découverte . Il travaillent sur le réseau , qui est dans ce texte , le fabuleux résultat d’un effort prospectif remarquable , car c’est une formidable préfiguration du net que nous expérimentons tous les jours !
Ce roman date de 1983 , il possède un charme sérieusement redoutable à cause de son atmosphère surannée . Le personnage principal est assez attachant est c’est aussi , une sorte de huit clos assez curieux parce que le lecteur ressent intensément les extensions et assez intimement des données , telles que la localisation spatiale et géographique , le temps qui passe ( grâce au réseau et au aspect quotidiens et prosaïques du texte ) , grâce au balcon , grâce aux transferts de matière avec l’extérieur , grâce aux différents espaces dédiés dans l’appartement ...
Il y aura bien quelques visiteurs qui feront , toc toc toc , à la porte et cela introduira une touche « d’extérieur « à ce huis-clos qui en est un , certes , mais un d’une sorte assez curieuse en fait !
On a un peu l’impression d’être au théâtre et pour ce qui est de la saveur du texte , je dirais qu’elle est délicieuse et qu’elle possède cet arome tout à fait particulier , qui est celui des :Tous à Zanzibar , du Troupeau Aveugle et d’autres textes comme : Sur l’onde de choc , ou pour tisser des comparaisons plus récentes citons : Plasma de Walter Jon Williams ...
Tous ces romans développent des thèmes différents mais la saveur qu’ils dégagent est incontestablement convergente malgré de très palpables différences d’univers , et si vous avez lu un de ces textes , vous aurez donc une idée vague , mais assez juste pourtant , de l’atmosphère que matérialise ce genre de style assez particulier et que vous croiserez dans Or:acle de Kevin O’donnell .
Un classique de science-fiction pas de doute ...