Bienvenue au pays de la métaphore , du fatum et des mirages ou bien des imago mundi plutôt ,
Voici un roman qui a bénéficié lors de sa première publication d’une aura sulfureuse .
Sur ce plan je dirais que ce n’est peut-être pas une lecture jeunesse très recommandable , car bien des choses y sont aussi subtiles que franches et compliquées , comme la violence par exemple .
J’aime énormément le travail de l’auteur en général . Car il écrit des textes souvent bizarrement oniriques où les métaphores sont fréquemment omniprésentes et d’ailleurs , ce sont elles qui campent avec vigueur des univers aussi improbables que solidement réalistes , comme environnement romanesques et comme univers alternatifs .
Il y des analogies avec Serge Brussollo pour ce qui est des logiques de création d’univers , mais c’est intéressant de les comparer entre eux ( ces logiques créatives ) .
Di Rollo pose des univers qui ont du sens car ils ont la portée d’un langage alors que Brussollo est lui dans l’expression , d’un somptueux fantasque , dramatiquement décoratif , pour ses univers . Des univers qui fonctionnent bien , mais qui sont d’une splendeur et d’une portée anecdotique et onirique fondamentalement . Chez Di Rollo les univers sont un langage , une forme d’écriture non alphabétique , un peu comme des idéogrammes ou des pictogrammes évocateurs et riches de sens .
C’est un des premiers écrits de l’auteur , après de nombreuses nouvelles . Il a d’ailleurs une patine façon , très , « premier roman , réussi «
L’univers est ici un véritable drame . C’est une dystopie désespérée qui est très bien campée .
Dans cette réalité l’Europe est un monde ruiné où les libertés fondamentales n’ont plus même l’ombre d’une portée concrète .
Les populations souffrent et elles courent après de petits métier , en chapardant aux étals et en subissant une grave pénurie énergétique ..
Le dénuement a conduit entre autres délabrement , à la dégradation des centrales nucléaires et de ce fait les incidents radioactifs ont fleurit , et les gens meurent donc dans la quarantaine et dans le mépris et l’exclusion .
Les solutions apportées par les gouvernements n’ont pas de sens et ne règlent rien , c’est un peu comme quand on demande à des convicts de déplacer des tas de pierres et ensuite de les remettre en place ..
On brule les corps , ou bien on les passe à Number 9 , que je vous laisse découvrir , une sorte de broyeur génétiquement modifié , ignoblement sale à l’haleine fétide , véritable métaphore de l’enfer et de ses portes d’accès .
Deux personnages , se lancent dans une virée à la Bonny And Clyde , qui est un véritable examen approfondie de la problématique de la violence gratuite , de la quête de vengeance , de la légitimité de cette quête , du prix à payer car il serait vain de croire que la vengeance assouvie comme sa quête , laisse indemne la victime car elle a un prix et elle coute très chère .
La question du réalisme dans ce roman ( comme dans beaucoup d’oeuvres de l’auteur ) est intéressante .
Cet univers est logique et il tient debout . Il est souvent solide en profondeur , pourquoi pas en effet imaginer un monde délabré et ruiné , qui ne peut entretenir ses centrales nucléaires , qui de ce fait sombrent en entrainant tout ce qui les environnent alors que les Tchernobyl fleurissent ..
Et puis , des aspects fantasques plus ou moins oniriques et narrativement crédibles et même réalistes finalement ( un peu à la Brusselo ) apparaissent et ils emmaillent l’univers comme le sens profond du texte .
Ce texte comporte des passages rares, mais incontournables , où la violence atteint des sommets paroxysmiques , « on ne fait pas d’omelette sans casser d’œufs « je dirais ! ....
Ce n’est pas une violence gratuite , voyeuriste . Elle signifie quelque chose et elle alimente une réflexion en profondeur sur le cercle vicieux de la vengeance et de la violence .
Elle est une proposition au sens dialectique , comme au sens grammatical du terme de proposition .
L’auteur possède à l’évidence , une culture antique ( gréco-romaine ) , c’est une mentalité qui rayonne de chaque page sans la moindre citation , qui mettrait sur cette piste .
Mais les concepts classiques sont là , ils sous-tendent le texte , Ils le portent et il pétrissent le sens comme les logique créatives , et :
C’est le pied , tout simplement
Ps Un roman épuisé en papier mais qui existe en numérique .